C’est quoi la communication thérapeutique ?
Communiquer, c’est informer, éduquer, responsabiliser et traiter le patient
Chaque être humain est différent, chaque patient est différent. Pour le soignant, la situation de soigner est banalisée par la répétition. La tentation est forte d’avoir un mode d’information et de communication uniforme, voire guidée par un protocole. Le fait de ne pas prendre en compte un certain nombre de paramètres concernant le patient a pour conséquence de dépersonnaliser et donc de déshumaniser la relation. Un patient se présente avec une histoire, un passé.
La communication entre le soignant et son patient constitue un aspect essentiel de la prise en charge médicale. Elle a une valeur valeur thérapeutique dans le soin.
La communication thérapeutique est une technique relationnelle issue de l’hypnose médicale.
Il est établi que l’anxiété augmente la perception de la douleur. La douleur est elle-même source d’anxiété même si, à l’origine, elle reste une manifestation adaptée de protection de l’organisme vis-à-vis d’une agression. Il ne faut pas nier la douleur par nos propos ou notre langage non verbal et on doit respecter ce que ressent le patient. Ce respect permet d’aller plus loin pour aider le patient à recadrer sa douleur avant de lui proposer des solutions.
Il existe aujourd’hui des outils de communication indispensables à chaque professionnel de santé pour expliquer, faire adhérer et participer activement le patient.
Une bonne communication facilite le travail du soignant. Cela améliore l’alliance, diminue les complications, répond aux attentes du patient devenu partie prenante de ses soins, le patient a aujourd’hui besoin d’être entendu et informé. « La médecine avait oublié l’homme derrière le malade. Ce n’est que récemment que cet incroyable oubli a commencé à être perçu et que la médecine s’est réveillée. Dans un contexte culturel et socio économique qui donne plus de place à l’humain, les patients ou leurs représentants ont fait pression afin de recentrer les soins sur le patient, cet être humain malade ».
La communication thérapeutique fait appel à :
- L’analyse et l’utilisation de plusieurs types de langages : verbal, non verbal et paraverbal
- L’empathie
- La reformulation
- La capacité à remplacer des mots négatifs par des mots et /ou expressions positives
L’analyse et l’utilisation de plusieurs types de langages : verbal, non verbal et paraverbal
La communication ne se borne pas à un échange de mots fondé sur un vocabulaire et une syntaxe en commun. Nous utilisons sans en avoir conscience trois niveaux de langage. La communication passe par :
- les mots : le verbal
- la gestuelle : le non-verbal
- la manière de parler : le para verbal.
Certaines personnes sont plutôt des visuels, d’autres des auditifs ou des kinesthésiques. Ces particularités influencent la façon de passer les messages.
« Nous communiquons en utilisant des canaux sensoriels que sont la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût. Selon les circonstances, les situations et notre état d’esprit, nous utilisons préférentiellement un de ces canaux. Ceci est résumé par l’acronyme VAKOG pour Visuel, Auditif, Kinesthésique, Olfactif et Gustatif. Pour être en lien, il est intéressant d’apprendre à reconnaître les caractéristiques de ces différents canaux, afin de détecter ceux utilisés par nos interlocuteurs, et ainsi nous adapter aux situations en ajustant notre langage. Ces canaux se repèrent par l’observation de votre interlocuteur, son regard, sa posture, sa respiration et l’écoute attentive des mots utilisés.»
L’empathie
Le soignant est souvent très compétent en empathie, mais des publications récentes montrent que c’est insuffisant. « L’empathie est la capacité à ressentir les émotions de l’autre et à se mettre à sa place, tout en gardant une distance critique. Il est important en effet que le médecin, le psychologue ou l’infirmière soient dans l’empathie qui est l’attitude la plus efficace pour un soignant. Elle lui permet à la fois d’être en phase avec les émotions du patient et de garder toute sa compétence professionnelle et sa lucidité. D’être à la fois dedans, avec le patient, et dehors, en position d’observation, d’analyse, et de décision quant aux choix thérapeutiques. C’est pour lui une forme de position hypnotique puisqu’une partie de sa conscience maintient un haut niveau de conscience critique pendant qu’une autre partie est connectée durant un certain temps avec le monde intérieur de l’autre.
La reformulation
La reformulation consiste à dire à la personne « si je comprends bien…vous me dites que… ». Elle est importante, car elle permet de vérifier la compréhension mutuelle. Elle démontre que vous êtes attentif aux paroles de votre interlocuteur et elle donne l’opportunité à l’autre de compléter, nuancer ou rectifier. C’est donc un outil de base de la communication circulaire. »
La capacité à remplacer des mots négatifs par des mots et /ou expressions positives
La communication thérapeutique passe par l’utilisation de mots positifs :
- Au lieu de « Ne vous inquiétez pas » il est possible de dire « Rassurez-vous »
- « Ne bougez pas » / Restez bien tranquille
- Ca ne va pas faire mal/Je fais en sorte que ce soit confortable pour vous
- Je pique/j’endors la peau
- Bon courage/Bon rétablissement
Découvrez ci-dessous le teaser du film " Une salle, deux ambiances", réalisé par Bruno Tracq.
Ce film illustre l'importance de la communication thérapeutique à chaque étape du parcours de soin du patient. De son accueil à sa sortie en passant par la consultation pré-opératoire, la perfusion, l'intervention, la salle de réveil, le spectateur accompagne la patiente lors de ses rencontres avec les différents professionnels qui interviennent dans sa prise en charge.
La communication optimisée améliore non seulement la qualité des soins pour les patients mais aussi la satisfaction des soignants et pourrait réduire les risques d’épuisement émotionnel.
Sources de l'article : Hypnose et Auto Hypnose - Dr Claude Virot - La communication dans le soin - Franck Bernard, Hervé Musellec - Management, Communication, Hypnose - Chantal Galès-Darrieu et Geneviève Perennou.