L’utilisation croissante du casque de réalité virtuelle au bloc opératoire
L’immersion dans une réalité virtuelle en portant un casque spécifique
L’utilisation croissante du casque de réalité virtuelle (HypnoVR®) au bloc opératoire, dans les services de soins ou au cabinet dentaire montre l’intérêt des praticiens (médecins anesthésistes, chirurgiens, dentistes) et des soignants paramédicaux pour l’usage d’outils permettant d’améliorer le confort et le vécu des patients lors des soins.
Dans notre centre hospitalier (CHP Saint-Grégoire- FRANCE), accueillant 40000 patients par an au bloc opératoire, l’utilisation des techniques de communication thérapeutique et d’hypnose médicale depuis une vingtaine d’années a su montrer un bénéfice en terme de qualité des soins et dans certaines procédures invasives tout en permettant de trouver une amélioration de la satisfaction des patients et des soignants (1),(2),(3).
La communication thérapeutique s’est donc développée de manière large dans notre établissement et l’hypnose médicale a trouvé sa place dans de nombreux domaines (anxiété et douleur au bloc opératoire, à la maternité, en douleur chronique)(2),(4).
L’utilisation des casques de réalité virtuelle (HypnoVR®) trouve son intérêt dans des champs d’application multiples au bloc opératoire.
Son utilisation facile, avec une courbe d’apprentissage et une prise en main de l’outil rapides permet l’élargissement des outils disponibles à l’amélioration du confort du patient tout en limitant ou supprimant les anxiolytiques et antalgiques pour les procédures simples.
Par ailleurs, aucune formation spécifique en hypnose médicale ou communication thérapeutique n’étant nécessaire avant d’utiliser cet outil, le casque de réalité virtuelle se positionne comme un outil intéressant mais ne se substitue pas à l’hypnose médicale telle que nous la pratiquons.
En effet, le lien établi par le praticien en hypnose avec le patient et la construction d’un environnement hypnotique enrichi par l’expérience du patient et les suggestions du thérapeute constituent des différences fortes entre l’hypnose médicale et l’utilisation du casque de réalité virtuelle.
Cependant, celui-ci trouve sa place de manière large en complément de la communication thérapeutique et de l’hypnose, lorsque celles-ci ne peuvent être réalisées.
Dans notre pratique quotidienne, nous utilisons largement les outils de communication thérapeutique et l’hypnose médicale mais le casque de réalité virtuelle se montre une alternative intéressante pour la prise en charge des patients anxieux ou pour des procédures invasives lorsque le personnel formé à l’hypnose n’est pas disponible. Le casque est également utilisable lors des périodes d’attente, souvent anxiogènes pour les patients, lorsque les soignants ne sont pas disponibles.
Dans la pratique, nous proposons aux patients anxieux et en particulier aux enfants d’utiliser le casque de réalité virtuelle lors de procédures invasives (pose de voie veineuse périphérique, anesthésie locorégionale) ou lors d’interventions sous anesthésie locorégionale (chirurgie de la main, chirurgie des membres inférieurs) ou anesthésie locale.
L’utilisation facile de cet outil ne doit pas faire oublier le principe d’accompagnement personnalisé du patient et ne doit pas donner l’impression au patient d’être abandonné par son praticien. La bonne collaboration entre le soignant et le patient permet ainsi d’optimiser le bénéfice attendu avec le casque de réalité virtuelle. En connaissant bien les différents environnements sensoriels proposés au patient et en suivant sur l’écran de la tablette l’évolution du scénario, le praticien peut à chaque instant savoir dans quelle phase de l’accompagnement le patient se trouve. La modulation du volume sonore au niveau du casque permet au praticien de garder le contact verbal avec le patient, peut l’autoriser à lui demander de décrire ce qu’il observe, peut l’inviter par exemple à questionner l’enfant, en lui demandant de regarder tout autour de lui et de chercher des éléments présents dans le scénario.
L’utilisation d’une procédure de diversion rapide en une touche sur la tablette constitue aussi un moyen permettant au praticien de créer une confusion rapide, focalisant de manière encore plus forte l’attention du patient pour une procédure invasive brève (ponction veineuse, anesthésie locorégionale ou locale).
Il est donc ainsi possible pour le soignant de conserver tout au long de la procédure le lien avec le patient, parallèlement à l’accompagnement verbal présent dans le scénario. Cela ne perturbe pas la prise en charge dans les situations où le soignant doit réaliser des procédures chez le patient. La conservation d’un contact verbal avec le patient est également un élément rassurant dans les prises en charge avec procédures invasives.
Le casque de réalité virtuelle s’impose donc comme un outil intéressant dans la prise une charge des patients, sans pour autant se substituer à la l’accompagnement personnalisé et à l’utilisation des outils de communication thérapeutique et d’hypnose. Sa facilité de mise en place est un atout majeur, ce qui doit pouvoir lui permettre de se développer largement dans les structures de soin et s’intégrer dans la stratégie de prise en charge globale et d’amélioration du vécu de patient.
Dr Thomas YVEN, Médecin Anesthésiste-Réanimateur au CHP SAINT GREGOIRE (35)
(1)-Hypnosis and communication reduce pain and anxiety in peripheral intravenous cannulation: Effect of Language and Confusion on Pain During Peripheral Intravenous Catheterization (KTHYPE), a multicentre randomised trial. Fusco N and al. Br J Anaesth. 2020 Mar
(2) Effects of conversational hypnosis on relative parasympathetic tone and patient comfort during axillary brachial plexus blocks for ambulatory upper limb surgery: A Quasiexperimental Pilot Study Boselli E and al. Int J Clin Exp Hypn. 2018 Apr-Jun
(3)- Effects of hypnosis on the relative parasympathetic tone assessed by ANI (Analgesia/Nociception Index) in healthy volunteers: a prospective observational study. Boselli E and al.J Clin Monit Comput. 2018 Jun
(4)-Impact of a Hypnotically-Based Intervention on Pain and Fear in Women Undergoing Labor. Waisblat V and al. Int J Clin Exp Hypn. 2017 Jan-Mar