Lancement du Congrès Hypnose & Santé Paris 2023
Semer les graines du changement
L’art de soigner remonte à la nuit des temps, c’est un patrimoine de l’humanité dont nous avons hérité. Il s’est transmis de génération en génération, s’enrichissant de connaissances et de stratégies thérapeutiques.
L’art de semer s’est aussi transmis de génération en génération. Semer peut sembler facile, pourtant une graine ne pousse que si elle est semée au bon moment, au bon endroit dans un sol bien préparé avec suffisamment d’eau et de lumière.
C’est ce qu’on fait les philosophes des Lumières : ils ont semé des idées.
L’une de celles qui a le mieux poussé est l’humanisme, la conscience que tout humain peut évoluer, grandir et changer s’il est dans des conditions favorables et bien accompagné.
Il s’adapte à son environnement et peut créer des solutions nouvelles à chaque fois que c’est indispensable. Ou avoir besoin d’être aidé dans les moments les plus difficiles, que ce soit au niveau du corps ou de l’esprit. Les processus de transe ont d’ailleurs été privilégiés de tout temps dans la mission de soigner.
Pourtant, c’est seulement par l’influence des philosophes des Lumières que ces connaissances ont enfin pu intégrer la médecine moderne, il y a à peine plus de deux siècles. Pour cela, la médecine a accueilli l’idée que la conscience de tout humain, quel qu’il soit, contient des potentialités de transformation, des graines qui ne demandent qu’à germer. L’hypnose médicale était née.
Bien sûr, comme toujours dans les disciplines scientifiques, après de nombreuses expérimentations, des essais et des erreurs, des échecs et des réussites, permet de garder ce qui est fiable, reproductible, évaluable. L’hypnose est ainsi aujourd’hui un processus thérapeutique dont la connaissance s’affine, permettant d’intégrer des techniques hypnotiques très courtes, en quelques minutes, voire même en quelques secondes dans un acte de soin. Ce n’est plus une question de temps, mais de relation thérapeutique avec les patients, tels qu’ils sont dans l’instant. C’est aussi une question de savoir-faire, semer juste au bon endroit, au bon moment et apporter un peu d’eau et de lumière.
Nombreux sont les soignants qui attendaient de retrouver leur place dans l’intimité de cette relation d’humain à humain, et ce, quel que soit leur métier ou spécialité. Le dernier congrès Hypnose et Douleur à Saint-Malo avec 40 types de professions soignantes nous l’a encore montré. Savoir aider « simplement » par la présence, la bonne gestuelle, les bons mots, le bon rythme.
Participer au processus complexe de la guérison. Que ce soit dans le soulagement d’une douleur, d’une angoisse, d’une dépression, d’une pathologie organique, d’un deuil, d’un traumatisme, d’un conflit relationnel, d’une pathologie du sommeil… Semer des graines de changement et les voir pousser ensuite.
De plus en plus de lieux de soins prennent conscience aujourd’hui que pour bien soigner, les soignants ont eux-mêmes besoin d’être à leur place, au plus près de leurs patients, là où ils peuvent donner le meilleur d’eux-mêmes et recevoir en retour le sourire et la reconnaissance des patients et leurs proches. Des établissements qui ont compris que leur plus grande richesse réside dans ces femmes et ces hommes dont la qualité de leur vie au travail est essentielle pour conserver et développer leur patrimoine humain. Et pour intégrer ce que dit le Conseil Consultatif National d’Éthique à propos de la médecine du futur, « le temps du soignant croise de plus en plus le temps du patient ».*
De plus en plus de décisionnaires aussi, dans les ministères et les grandes administrations, disent que l’avenir du système de santé passera par le développement des valeurs humanistes à tous les niveaux du monde de la santé.
Elle sont là, les graines de cette révolution, une transformation profonde basée sur un rééquilibrage des valeurs combinant haute technicité et haute humanité. Ce congrès se veut un des nombreux maillons qui participent et participeront à cette médecine du futur. Il s’appuiera sur une centaine de professionnels de santé qui viendront partager leurs savoirs et leurs méthodes
et parfois aussi leurs doutes. Et sur vous.
Il faudra beaucoup de graines pour nourrir ce changement.
Chacun de nous en est une.
Claude Virot
* Conseil Consultatif National d’Ethique, avis N° 140 du 7 nov 22).